Traversée du Sirac : arête Nord-Sud Ouest

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Après une nuit horrible à Grenoble, pour cause de canicule, nous partons de bonne heure direction le Valgaudémar. L’objectif des deux prochains jours et la traversée du Sirac par son arête Nord et une petite grimpe au Banc des Aiguilles.

La montée au refuge de Vallonpierre est un peu laborieuse. La lourdeur de l’atmosphère se fait sentir. Le temps est couvert et la maigre nuit passée n’arrange pas cette sensation de « ramante ». Mais bon, avec Fred, j’avais oublié : 1h30 pour monter au refuge au lieu de 2h-2h30… A Vallonpierre, dans ce havre de paix, nous optons pour une bonne tarte et un coke maison. Quel délice ! Le temps pour moi de me plonger dans les topos, la voie de l’après-midi est choisie. Le banc des aiguilles sera parfait pour quelques longueurs. De plus, cela nous servira pour le lendemain matin, à la marche d’approche.

Le pierrier avalé, les raide névés traversés nous voilà à pied d’oeuvre. Le temps se couvre. Fred part bille en tête dans la première longueur en V+. Il s’en sort plutôt bien. Il est rapide mais l’orage gronde en milieu de longueur et les premières gouttes tombent. J’ai juste le temps de sortir le parapluie et pour Fred, d’atteindre le relais, que l’intensité de la pluie augmente. Fred nous fait un rappel dont lui seul a le secret. Les noeuds d’arrêt ne servent pas à rien ! Il touche le sol, je plie les cordes, il se change, et nous voilà dévalant rapidement les pentes de neige et le pierrier. Arrivés proche du refuge, le temps s’éclairci ! Tant pis, la sieste sera plus longue ;-).

Le gardien nous « offre » une place de choix afin de ne pas être dérangés par le flux de randonneurs et de familles qui seront là cette nuit. Nous nous endormons en moins d’une seconde. Il faut dire que la nuit dernière fut courte à Grenoble.

Après cette pure sieste, nous allons travailler sur quelques manips de corde : encordement, mouflages, etc. Il est 18h et nous allons manger. Le repas est succulent, un vrai délice ! Je m’entretien avec le gardien pour la course du lendemain. Les infos sont précises et bien utiles ! C’est apaisé que nous partons nous coucher.

4h, le réveil sonne. Le petit déjeuner vite avalé, nous partons pour l’objectif du jour : la traversée du Sirac par l’arête Nord. Nous mettons les crampons pour passer la raide pente de neige défendant l’accès au couloir de départ. Il nous faut que quelques minutes pour toucher le rocher. Changement de configuration : on passe en mode rocheux !

Après une vingtaine de mètres dans le couloir, nous partons sur la droite en traversée pour rejoindre la première grande banquette. En tapant sur l’extrême droite de cette dernière, nous partons en traversée horizontale sur la gauche, jusqu’à buter sous les premières difficultés. La corde courte est abandonnée au profit d’une immense longueur de 100m protégée par quelques pitons, deux relais et une bonne microtraxion. Nous tirons alors sur la gauche pour atteindre la brèche donnant accès à l’arête Nord du Sirac par un couloir cheminée. Sur le chemin, nous sommes accompagnés par un petit éterlou bien curieux.

Nous voilà partis pour cette belle arête/face. Les premiers cents mètres se font sur de superbes dalles compactes, proches du fil. Il faut alors s’en échapper sur la fin par du rocher moins bon à gauche. La suite, c’est un ensemble de grimpe facile, de marche, et de quelques ressauts en IV. Il faut toujours essayer de rester sur le fil.

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C’est le secret pour trouver le bon caillou. En moins de 4h depuis le refuge, nous atteignons la pointe sommitale. Pas mal pour une cordée, guide-client, 100% à vue ! Nous profitons de la vue pour célébrer les 15 années où Fred à rêver de fouler ce sommet. Le saucisson, les jus de fruit et le fromage sont de sortie. Nous prenons notre temps. Après 30 minutes de palabres et de goinfrerie, une seconde cordée sort de l’arête Nord (guide et client). Nous leur cédons la place, il est temps de descendre.

Après un départ sur le fil, nous basculons sur le flanc gauche de l’arête (côté soleil). Le terrain est moins bon et un peu exposé. Nous trouvons rapidement la vire ramenant sur le fil de l’arête. Nous butons alors sur le gendarme tacheté de point jaune. Nous remontons 4m et traversons sur la vire aérienne contournant ce gendarme en bon rocher. Au bout de la vire, je fais un relais sur friends. Cela me permet d’assurer Fred sur la suite de la traversée et des désescalades (50m). Nous passons un éperon et continuons à traverser. Au bout de cette dernière, il faut maintenant avoir du flair afin de trouver le meilleur itinéraire et descendre trouver les relais de rappel 200m plus bas. Le terrain est technique et l’assurage est délicat. La concentration monte d’un cran. Nous trouvons les rappels dont un gagnera mon mousqueton à vis. Et oui, l’ami Fred trop concentré sur la suite des choses, l’oubliera.

Nous touchons le glacier. Mettons nos crampons et filons dans la pente. Le départ est raide. L’assurage à la corde courte est tout juste, il n’en faudra pas plus. Ensuite, nous dévalons vers le bas et rejoignons les cordées parties sur la voie normale ce matin. Elles ont buté sur la fin du glacier. Nous les dépassons rapidement et filons sur les derniers névés pour atteindre très vite le refuge. Il nous aura fallu moins de 8h pour boucler la boucle ! Nous nous enfilons une bonne part de tarte et un bon coke maison. Nous rangeons nos affaires et rapidement, descendons dans la vallée.

Il est 18h quand nous atteignons Grenoble.

Encore une fois, nous avons passé trois belles journées avec l’ami/client Fred. L’efficacité de notre cordée fait plaisir à voir. Nous avançons vite, en sécurité, c’est à cela que sert la fidélité. Encore un immense merci à Fred pour sa confiance et au refuge Vallonpierre et son équipe pour son accueil et ses conseils !