Spaghetti tour au Mont-Rose

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Le stage Mont-Blanc terminé, me voilà à Saint-Jacques, en Italie, pour attaquer 6 jours de haute montagne, au coeur du Mont-Rose. Nous appelons cela, le spaghetti tour. Il s’agit de traversée, en plusieurs journées, du sommet du Breithorn au refuge Margherita sur la pointe Gnifetti. Cette traversée passe par un grand nombre de 4000m incroyables !

Jour 1 : montée au refuge des Guides du Val d’Ayas. Il s’agit d’un très beau refuge, perché à 3420m, au pied du Castor. Nous bénéficions d’une montée en 4*4 qui nous permet de bien nous économiser physiquement. Il nous reste environ 1000m de dénivelé morainique pour atteindre notre nid pour les deux prochaines nuits. L’accueil est incroyable, la bouffe exceptionnelle et les digestifs « pas faciles » ;-).

Jour 2 : journée d’acclimatation pour mes deux belges, ou comme ils disent : d’acclimatization. Nous partons de bonne heure car le temps doit changer rapidement en début d’après-midi. Nous nous dirigeons sur le grand glacier de Véraz et traversons jusqu’au Breithorn Pass. Bien que la trace soit un peu marquée, je passe tout de même au travers de deux ponts de neige jusqu’à la taille. Les crevasses sont bien présentes et nous avons bien pris note de l’avertissement.

Au col du Breithorn, nous sommes cueillis par un vent à 60km/h et le beau temps. Il nous faut peu de temps pour atteindre pour atteindre la pointe occidentale du Breithorn à 4165m. Nous rentrons rapidement au refuge. Il est 10h30 lorsque nous foulons le palier de la porte. A 12h le temps se couvre. Le diner avalé, la sieste nous assomme. Mais bon, finale de coupe du monde de foot oblige, nous la suivons à la radio : champion du monde !

Jour 3 : lever à 4h…nous nous recouchons jusqu’à 6h. Le temps est mauvais et très venté. A 6h, cela s’éclairci et nous en profitons pour tenter l’aventure du Castor (4228m). Un des clients a bien trop mal au tendon d’Achille et ne peut poursuivre l’aventure. Il repartira seul dans la vallée du refuge.

Roland sera donc de la partie. Nous avançons bien. Le col de Véraz (zwillingsjoch) est rapidement atteint. Cependant, le temps change. D’autres guides sont de la partie. Nous poursuivons. La pente se raidit et le vent s’intensifie (50-60km/h). A mi-pente, le brouillard nous rattrape. Bizarre, la météo avait annoncée beau 😉 ! La pente devient encore plus raide et la trace de neige se transforme en glace. Les alertes se multiplient et je décide de tirer deux longueurs en glace. Nous passons deux crevasses et atteignons l’arête de neige au SW du sommet. Nous nous faisons cueillir part un vent tempétueux et un bon brouillard. Nous sommes les premiers au sommet. Nous attendons quelques minutes à l’abri, et surprise, une éclaircie nous permet quelques photos et de voir l’itinéraire parcourant la belle arête SE jusqu’au col Felik (4061m). Tout se bâche à nouveau. Nous partons sur la belle arête. L’ambiance est incroyable. Arrivé au col, nous passons sous les nuages. Il fait beau, c’est incroyable. Deux minutes avant nous étions en pleine tempête et maintenant il fait trop chaud. Il nous faut peu de temps alors pour rejoindre le refuge Sella à 3585m. Comme à nos habitudes, un bon repas et une bonne sieste nous occupent le restant de la journée. Nous croisons du beau monde au refuge, un ami de promotion, Paulo Grobel, et un apéro des guides des plus fabuleux !

Jour 4 : Nous partons les premiers et traversons l’immense glacier des Lys. Nous changeons le type de progression et d’encordement. Nous tirons quelques micro-longueurs entre neige, glace et rocher. A la fin du rocher, la glace est présente sur une très grande longueur. Je décide de tirer une grande longueur de 80m avec un petit relais sommital sur un encrage solide en neige avec un beau piolet en « T ». Roland me rejoint en pointes avant et piolet traction. Nous repartons en corde courte pour les derniers 150m de dénivelé. Nous débouchons au soleil sur le Naso du Lyskamm à 4271m. Nous profitons d’être seuls au monde pour faire une pause contemplative. Une cordée avec guide arrive de l’Est.

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Ils nous confirment que la descente est optimale et en neige. Vu que la journée est belle, nous décidons d’avancer sur l’itinéraire est de cocher un grand nombre de 4000m. Ainsi, nous faisons dans la foulée : le Balmenhorn (4167m) avec sa via ferrata, la belle pente de neige du Schwarzhorn (4322m) et le Ludwigshohe (4342m). Le temps se gâte un peu, et la fatigue aidant, nous décidons de monter directement à la Punta Gnifetti (4554m) pour profiter du refuge Margherita, le refuge le plus haut d’Europe. L’accueil est un peu sévère, il faut d’abord payer avant d’entrer ! Mais l’équipe du refuge se rattrapera sur le repas du soir.

Jour 5 : La nuit fut moyenne, les jeunes du dortoir ne voulant pas ouvrir la fenêtre, il faisait trop chaud. Je ne leur ai pas laissé le choix vers minuit…enfin de l’air ! Nous nous levons vers 5h…il fait mauvais. Bizarre cette météo qui annonçait beau. J’attends et propose d’essayer un lever à 6h. Le temps a l’air de s’améliorer. Profitant de l’occasion, nous nous préparons rapidement. Nous sortons du refuge, descendons au col Gnifetti. Là, nous nous faisons rattraper par le brouillard. Tant pis, nous faisons dans la tempête le Zumstein (4564m). Au sommet, je croise une collègue guide anglaise. Nous nous attendons au col précédent et décidons d’unir nos forces pour descendre sur le refuge Mantova et traverser dans le brouillard ce gros glacier du Mont-Rose. Arrivés au col des Lys, nous passons sous les nuages. Chacun peut alors se relâcher. Nous décidons de poursuivre seul vers la Pyramide Vincent (4215m). Le temps se maintien et nous sortons au sommet avec une magnifique vue sur Alagna et la vallée de Gressoney. Après les traditionnelles photos, nous descendons sur le refuge de Mantova. Un bon repas, une bonne bière, nous fêtons la fin des difficultés de notre séjour.

Jour 6 : ce dernier jour est consacré au retour à Saint-Jacques, via les remontées mécaniques de Staffal. Il est midi environ lorsque nous pouvons enfin quitter nos « grosses chaussures ». Une dernière bière avalée et nous pouvons nous féliciter de notre périple.

Un grand merci à Roland pour la confiance et d’avoir supporté mes levers matinaux. Nous aurons eu toutes les météos et auront développés nos compétences en alpinisme aussi bien en glace, qu’en rocher mais aussi en neige. Bravo à toi et au plaisir de partager à nouveau la corde en ta compagnie !