Mont-blanc

Posted by in Alpinism, Climbing, Ice Climbing, Photo, rockclimbing, Your trip

Après un Grand Paradis menait brillamment par mes compagnons de cordée, l’acclimatation semble s’être bien passée et ils ont la forme. Nous voilà donc ce matin à 8h, aux Houches, afin d’entrer dans la première benne menant au sommet de Bellevue. Le programme des trois prochains jours est clair : sommet du Mont-Blanc par le Goûter.

Après la benne menant à Bellevue, nous prenons le petit train à crémaillères afin d’atteindre le refuge du Nid d’Aigle. De là, nous marchons tranquillement vers l’objectif du jour : le refuge de Tête Rousse. Nous sentons bien que nous ne serons pas les seuls là-haut. Nous laissons les cordées pressées passées. Nous montons facilement l’éperon et les câbles jusqu’au petit glacier donnant accès au refuge.

Il est 11h environ lorsque nous franchissons le palier de Tête Rousse. En attendant midi et le picnic, nous observons les cordées lancées à l’assaut du couloir du goûter. Le repas passé, nous restons là, sur la terrasse. Nous entendons seulement 2 grosses chutes de blocs dans le couloir. La sieste passe, les collègues guides arrivent et nous discutons des alternatives : départ tôt, non loin les uns des autres et bienveillance.

Jour 2 : Lever à 4h30, le petit déjeuner est réglé et mes clients « formatés ». Ainsi, nous partons à 5h. Il fait chaud. Je suis attentif à tous les bruits possibles, notamment celui des pierres. Nous arrivons sur l’éperon à proximité du couloir du goûter. Nous entendons une petite chute de quelques pierres. Les clients sont avertis : « on avance rapidement mais sans précipitation. Si je dis demi-tour, on se retourne et on avance. On reste concentré ! ». Le couloir passe sans aucun stress ni chute de pierres. Nous pouvons maintenant nous concentrer sur la montée de l’éperon menant au sommet de l’éperon et à l’ancien refuge du goûter. Il fait chaud, la cadence est bonne. Lorsque nous arrivons à proximité de la sortie, nous entendons une énorme chute de pierres dans le couloir. Pas de cris, cela ne semble avoir « impacté » personne. Nous passons le palier de la porte à 6h45. Le timing est respecté. Nous nous changeons et reprenons des forces au refuge du goûter très accueillant. Nous apprenons que cette chute de pierres est passée par dessus l’éperon rive droite en bas du couloir. La canicule sévit donc !

A 7h45, nous attaquons la suite du programme du jour : la montée au Mont-Blanc. Les conditions sont parfaites : il ne fait pas trop chaud, la trace est bonne (bien qu’au début exposée aux séracs). Mes compagnons avancent d’un très bon rythme. Nous atteignons rapidement l’aiguille du goûter puis le bivouac Vallot.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Personne ne souffre de l’altitude bien que le souffle soit court. Les conditions sont parfaites, peu de vent et une température clémente. Nous décidons de poursuivre. L’arête de neige devient plus étroite et plus raide. La concentration est de mise. Il est 10h30 lorsque nous foulons le sommet du Mont-Blanc. Il y a peu de monde. Les larmes de joies coulent sur les joues de ma cordée. Ils sont heureux. Un rêve est devenu réalité.

Nous restons 20 minutes à contempler ce lieu unique. Le panorama est époustouflant.

Les émotions passées, nous nous concentrons pour la descente. Il faut être précis sur les pieds et ne pas faire d’erreur sur ces arêtes de neige. L’exposition est grande en cas de glissade. A peine la descente débutée, nous assistons à un miracle. Un jeune, en solo, se croche les crampons et glisse sur la partie raide de l’arête sommitale. Par miracle, il s’arrête. Il en sera quitte pour une grande frayeur. Nous, nous profitons de la descente pour prendre les photos souvenirs et notre temps. Les nuages s’amoncellent côté Italien. Il fait très chaud lors de notre arrivée à Vallot. La remontée à l’aiguille du goûter est difficile avec cette chaleur, mais tout le monde tient me rythme. La descente ensuite sur le refuge du goûter est rapide et efficace. Il est 13h15, nous troquons les chaussures pour les claquettes. Nous festoyons avec une bonne assiette de charcuterie, du fromage et une bière et fêtons ainsi la réalisation d’un rêve. Le reste de la journée se passe tranquillement : sieste, boissons, livres. A l’apéro des guides, les commentaires vont bon train sur les conditions notamment du couloir du goûter. Pendant ce temps là, il pleut dehors.

Jour 3 : Nous descendons dès 5h l’éperon du couloir du goûter. Le temps est chaud et la pluie n’a rien arrangé. Au milieu de notre descente, nous attendons une grosse chute de blocs de pierres qui dure plusieurs secondes. Lorsque nous atteignons la traversée du couloir, il n’y a pas eu d’autres chutes de pierres. La consigne est claire : « on se suit, tranquillement et sereinement. Si je dis on accélère, on s’active, etc. » Nous passons à proximité des cratères laissés par les chutes de pierres de ce matin. Rien ne bouge lors de notre traversée. Nous poursuivons notre chemin. Nous touchons la fin des difficultés après avoir traversé du glacier à proximité du refuge de Tête Rousse.

Nous en profitons pour nous changer, manger et observer les collègues qui passent le couloir. Aucunes chutes de pierres ne viennent perturber ce délicat passage. Nous sommes heureux, bien en vie et pouvons nous laisser descendre jusqu’au nid d’aigle. Il est 7h45 quand nous arrivons à la gare et attendons le premier train pour descendre dans la vallée.

Nous partageons un bon coca, discutons de cette belle réalisation avec mes deux clients. Il est certain que je ne leur ai rien caché sur la dangerosité de cette aventure. Nous avons pris toutes les précautions nécessaires : lever tôt, excellent rythme et rapidité des clients, bonne préparation, etc. Voilà ce qui a fait de ce rêve, une réalité. Merci à vous Delph et Chris pour votre confiance et de m’avoir supporté durant ces cinq journées. Au plaisir de vous retrouver pour d’autres aventures alpines, encore merci !