Arête de la table

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Après le Mont-blanc d’hier, me voilà aujourd’hui, réuni avec LA machine Fred et sa fille pour une montée à Albert 1er. Après la traditionnelle montée avec les remontées mécaniques, nous marchons d’un bon rythme, tel père, telle fille, sur le sentier en balcon menant à la moraine sous le refuge Albert 1er.

A proximité de ce dernier, nous basculons à droite pour atteindre le glacier du tour. Là, nous profitons du temps pour faire avec Fred une vraie école de glace : parcours en crampons 10 pointes, pointes avant, piolet traction, mouflage, broches à glace, etc. Vers 14h, nous festoyons avec le picnic porté par Fred ! La suite de l’après-midi se passe entre sieste, bouquins et jeux de carte. La météo de demain annonce une perturbation vers 14h…nous décidons donc de partir tôt.

Jour 2 : nous déjeunons à 3h30, pour partir vers 4h. Le temps semble couvert, mais qu’importe, ils ont annoncé que se sera clair. Le regel sur le glacier est nul. Nous brassons un peu dans la trace. Arrivés à 3100m, nous nous détournons de la voie normale de l’aiguille du tour pour rejoindre le pied de l’arête de la table. Les crevasses sont nombreuses, il fait nuit et le regel pourri nous invitent à la prudence. La corde est longue et tendue. Non loin de toucher au but, le temps se dégrade : il pleut/neige, le brouillard s’invite dans la partie et je suis au beau milieu d’un immense pont de neige entre deux grandes crevasses. La décision est prise, nous descendons.

Nous voilà de retour sur la trace de la voie normale. Nous patientons et croisons les cordées prétendantes notamment à l’aiguille du tour par sa voie normale. Le temps ne semble pas s’améliorer. Il est 7h. Notre patience ayant des limites, je décide que Fred prenne la tête de la cordée pour me conduire au col supérieur du tour. Il se débrouille bien. Le brouillard en prime, nous décidons de ne pas nous attarder là-haut. Nous rentrons.

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Il est 8h lorsque nous passons à la jonction entre la trace de la voie normale et celle que nous avons faite ce matin en direction de l’arête de la table. Le temps semble d’améliorer. Les trouées de ciel bleu se font plus présentes.

En un regard, un check sur la montre, et la décision est prise : nous y retournons. Nous suivons nos traces du matin, toujours avec la corde longue et tendue. Nous apercevons 2 cordées dans le couloir d’accès à l’arête de la table. Le rythme est rapide 12 à 15m/min. Nous changeons l’encordement et la technique de cramponnage pour atteindre le sommet du couloir. Là, nous nous apercevons que les deux cordées n’ont toujours pas décollées de la rimaye ! Je dis à Fred de passer en mode escalade et je trace, les crampons aux pieds faire les premiers 30m afin d’être devant. Le rocher n’étant pas d’une grande qualité avant l’arête, je préfère être devant. Nous sommes si efficace, même dans notre variante en VI de départ, que nous passons devant les autres cordées. Pas un seul caillou part sous nos pieds. Nous sommes très prudents car si l’un part, sûr que quelqu’un le prendra sur le coin du nez.

Fred me rejoins au relais à 30m de la rimaye. Efficace le garçon ! Nous repartons immédiatement à corde tendue et courte (pour éviter d’envoyer des pierres). Nous adoptons cette technique jusque sous la table. Le rocher est bon sur l’arête. Nous avançons vite ! Je passe le pas de V pour me rétablir sur la table. Fred me suit et en quelques secondes trouve la solution du pas délicat. Nous prenons notre temps pour faire des photos de nous, sur la table. C’est dément et le soleil est de la partie.

La suite de la course se déroule sur un excellent rocher. L’arête est raide, vertigineuse et c’est un ravissement pour Fred et moi de parcourir cette ligne suspendue entre ciel et Terre. Nous allons vite et en quelques instants, nous sommes au sommet de l’aiguille du tour ! Incroyable, nous avons rejoint les cordées que nous suivions ce matin lors de nos doutes entre voie normale et arête de la table. Nous dévalons les rochers de la voie normale et passons rapidement la rimaye. En quelques minutes, nous sommes déjà au col supérieur du tour. Là, nous sommes en terrain connu. Nous y sommes passés il y a deux heures. Tout va très vite, Fred est sûr sur ses crampons. Il est à peine midi lorsque nous arrivons au refuge Albert 1er. Je crois que cette fois, nous avons fracassé le chrono ! Nous sommes à 16h au MacDo de Megève pour une excellente grasserie…

Merci Fred pour ta confiance, ta solidité, ton endurance et ton autonomie. Il est clair que ta fidélité à mes côtés et ta pratique amatrice de l’activité nous permettent aujourd’hui d’atteindre ce niveau de rapidité avec une progression en sécurité. A très bientôt donc pour de nouvelles aventures sur le fil 😉 !