Plat de selle – Les sources du silence – Écrins
Un petit moment que je n’avais pas vu Fred. Un week-end se libérant, il n’en fallait pas moins pour que nous nous organisions deux journées en haute-montagne. Fred voulant absolument découvrir le sommet du Plat de la Selle (3596m), nous optons pour le parcours intégral des « Sources du Silence », version automnale !
Après un départ en milieu d’après-midi des Étages, samedi, nous profitons des couleurs automnales pour remonter le long vallon menant au refuge du Soreiller, au pied de l’aiguille de la Dibona (parcourue avec le même compère, il y a quasi un an). Les dernières lueurs du soleil embrasent le refuge à notre arrivée. Cela fait une semaine que les conditions en haute-montagne sont excellentes. Et, en ce superbe week-end, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu l’idée de venir dans ce coin minéral des Ecrins. Un petit groupe conduit par Ben et Victor (16 jeunes du CAF Isère) rajoute un peu de piment à notre nuit. Nous passerons la nuit dans la salle « hors-sac », pas si inconfortable grâce à ma roublardise (un morceau de matelas et 5 couvertures). Après un repas bien copieux concocté par le chef Fred, lui-même, je me demande comment j’arriverai à me mouvoir demain sur la paroi !
Au petit matin, 4h, nous avalons rapidement notre petit déjeuner et essayons de traverser le réfectoire, miné d’une multitude de grimpeur, aussi bien sur le sol que sur les tables.
A 4h20, nous débutons la marche d’approche. Les étoiles et le quart de lune nous accompagnent. Il est 5h quand nous arrivons au pied de la paroi. A la lueur de nos frontales, nous cherchons durant un petit quart d’heure le premier spit. Le temps filant rapidement, je monte quelques mètre en solo pour, après un moment à errer, tomber sur le spit. Nous nous équipons et après l’explication de la marche à suivre au chef cuistot, je pars à la seule lumière de ma frontale (5h50). Les premiers 50 mètres sont rapidement avalés…je pose alors la première micro-traction (nous en avons pris trois), et poursuis mon escalade. Cette manœuvre nous permet de gagner beaucoup de temps sur ce long itinéraire de 850m ! Je fais le premier relais après avoir parcouru les quatre premières longueurs et ne plus avoir de matériel. Fred me rejoins. Il fait toujours nuit. Échange de matériel et je repars. Les longueurs s’enchaînent et nous passons la première grosse difficulté (6c) avec les premières lueurs du jour. Fred est en mode « machine », et il me suit et grimpe à la perfection. Nous nous retrouvons vers R11 pour que je puisse à nouveau récupérer le matériel. A peine le temps de boire une gorgée et de manger un morceau, Fred doit déjà repartir. Nous ferons à nouveau une halte au sommet du diamant (3300m) après le passage de la dernière grosse difficulté technique de la voie (6b+). S’en suit une arête aérienne superbe et un petit rappel dont le Dufour sera la clé pour ne pas perdre une seconde. Les trois prochaines longueurs sont en rocher « moyen ». Encore quelques mètres et nous débouchons au pied de l’ultime ressaut. Nous prenons l’option : grimpe intégrale de la voie. Il est 11h et j’attaque les 4 dernières longueurs. Le rocher est encore, là-aussi, excellent, si ce n’est 4 mètres pourrie dans le 6a. Je fais le dernier relais sur l’arête sommitale. Fred me rejoint après une pause/pose photo sur une belle pointe. Il s’offre les derniers mètres menant à « son » sommet en leader ! La joie est immense et proportionnelle au super temps que nous venant de mettre pour faire ces 850m. Il est midi, soit environ 6h après notre départ du pied du pilier. Il fait grand beau et une légère bise. La vue à 360° est incroyable : Mont-blanc, Muzelle, Mont-Aiguille… Nous profitons de ce moment pour « taper » dans le saucisson et le Morbier, les compotes et autres mets que Fred a monté dans son sac.
Il est environ 13h quand nous débutons la descente. Après les lignes de spits jalonnant l’ensemble de la voie, la descente est typée : aventure et rocher Oisans ! Traduisez : ne pas tomber et gare au rocher médiocre à bien des endroits malgré une bonne exposition sur des vires étroites. Voilà notre nouveau terrain de jeu pour les 2 prochaines heures. Heureusement, de bons cairns jalonnent l’itinéraire et évite d’errer de longues heures dans cette immense face du Plat de la Selle. Nous regrettons un peu le manque d’équipement de certains passages vraiment expo en total contradiction avec l’aseptisation de la voie de montée. Nous jouons de la corde courte, mi-longue et prenons notre temps afin de ne pas de faire « trop peur ». Enfin, nous rejoignons le col et le pierrier Sud du col du Burlan. De là, en quelques minutes nous débouchons au refuge.
Un petit goûter, et vers 16h, nous attaquons le sentier nous ramenant à la voiture. Il est 17h15 lorsque Fred, foule, au pas de course, le bitume des Étages. Bien rôti, il me laissera le volant pour le retour à Grenoble. Une soirée pizza plus tard, il est temps de rentrer à la maison car demain, un Mont-Aiguille m’attend.
Encore merci Fred pour : la bonne humeur, le partage d’une nuit cosy, ton efficacité sans faille et ta confiance. Bien heureux d’avoir pu découvrir, en ta compagnie ce petit bijou de 850m et ce haut sommet ! Bravo à toi et à bientôt pour de nouvelles aventures !