Y-a du monde au balcon – Pointe Marie-Louise

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Il est 5h au refuge de la Selle. Nous prenons notre petit déjeuner, copieux, avec Simon. Aujourd’hui, direction une nouvelle née : Y-a du monde au balcon à la Pointe Marie-Louise. Il est très probablement que nous ayons fait la 4ème répétition de la voie !

5h30, départ à la frontale. La marche d’approche sur le sentier menant au glacier de la selle se fait machinalement. Nous retrouvons une partie du matériel laissé hier. Le jour se lève, il est 6h.

Nous partons alors dans le pierrier sauvage menant au glacier ouest de la selle. Le résidu morainique passe bien. Nous mettons la corde et les crampons au pied du glacier. L’accès rive droite est le réceptacle d’énormes blocs et la rive gauche est bien ouverte, avec de béantes crevasses. Nous partons donc plein centre.

Le glacier, en cette fin août 2017 est très ouvert. Nous passons d’énormes crevasses et devons même poser une broche afin d’assurer un passage quasi vertical de 3 mètres dans une crevasse. La seconde moitié du glacier est plus simple, mais le cheminement se complique à nouveau sur le 100 derniers mètres. Trois énormes crevasses et une rimaye bien ouverte nous obligent à rester vigilent ! Nous trouvons rapidement l’attaque et devons tailler la glace afin de pouvoir nous équiper. Simon met les chaussons, je reste en « grosses ». Il est 8h30.

Simon part dans la première longueur. Une belle longueur, à froid et froide, en 6a de 45m. La première partie se déroule dans un rocher cassé et lissé par le glacier et après le passage du petit toit (protégé par un spit de 8mm), une belle fissure/dülfer se prolonge jusqu’au relais. Il y a 4 points dans la longueur. Je le rejoins après avoir subit la classique onglet !

Je prends le relais, et part dans la deuxième longueur (5c+/6a, 35m/40m). Le départ du relais est bien technique. La traversée de trois mètres pour atteindre la bonne cannelure n’est pas aisée, surtout en grosses, les pieds à plat. La suite est plus facile avant un dernier pas teigneux à 5m du relais. Je ne trouve aucun équipement dans cette longueur. Il faut se protéger soit même. Avec mon arrivée au relais, le soleil nous rejoint. Simon ne tarde pas à me rejoindre.

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Il part pour L3. Une magnifique longueur en 6a avec un pas de 6a+ juste avant le relais et un autre à 5m du relais de départ. Encore une longueur de 40m. Simon s’emploie pour quelques mouvements pas commodes et à protéger. Là encore, la longueur est pourvue uniquement que de 3 protections. Il s’agit, par quelques pas bien fins, de rejoindre une fissure ascendante vers la gauche majeur ! Je le rejoins, bien concentré avec mes souliers !

J’enchaîne sur L4. Une courte longueur de 30m dont le crux est la remontée d’une écaille au dessus du relais qui vibre et sonne très creux ! Il y a 3 protections pour faire cette longueur de 5c. L’ambiance se creuse un peu plus et nous entendons le fracas des blocs de toutes dimensions s’écraser dans le glacier ouest de la selle. Il ne fait vraiment pas bon le remonter dès que le soleil touche les sommets environnant. Un bon regel nous semble aussi essentiel !

Simon part pour LA cinquième longueur. Un dièdre de 48m (possible de faire relais au milieu de la longueur). Une seule protection en place pour ce chef-d’œuvre ! Dülfer, grands écart, pas de dalle, tout est réuni dans cette longueur de 5c+ (un pas de 6a). Bien rincé par sa longueur, je ferai la suite plus facile jusqu’au sommet.

Cela démarre par une petite longueur en IV qui permet de rejoindre la base d’un gendarme orange. Je le contourne par la droite et ressors sur le faîte de l’arête (IV). Une fois sur l’arête, quelques pas de III ponctue les cent derniers mètres. Sommet ! La vue est splendide : barre des écrins, plateau d’emparis, les ailefroides, la grave.

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Le temps de faire quelques photos et nous partons direction la descente et les rappels. Il faut partir vers le col/brèche à gauche lorsque l’on regarde le glacier de la girose. Nous dépassons la brèche/col et remontons 20 mètres. Le premier rappel est là.

Nous remettons nos crampons. J’ouvre la voie de descente, droit dans la pente de glace. Le second relais est perché à 52m main droite, bien désaxé. Bien protégé des chutes de pierres, il est très malcommode d’accès. J’enchaîne avec le second de 25m. Idem, le relais est cette fois dans l’axe mais tellement perché, qu’il est impossible de s’y suspendre. Le troisième rappel permet de prendre pied sur le glacier de la girouse, après avoir franchir l’énorme rimaye surplombante (sur 8m). Nous nous attardons pas. Ici, le lieu est propice à la chute de divers objets rocailleux que Newton rappelle dans la vallée ! Nous marchons une dizaine de minutes et rejoignons le col de la lauze. Là, la longue descente ne fait que commencer (2000m !).

La descente sur le refuge de la selle est raide, si bien que Simon garde son piolet et, je troque le mien pour le bâton. En 40 minutes, nous atteignons le paisible refuge. Il est 14h30, la gardienne nous accueille avec un grand sourire et un excellent breuvage. Il est 15h20 quand nous décidons de descendre la longue vallée ramenant à la voiture, à Saint-Christophe-en-Oisan.

Une très belle course de 400m en rocher, dont 300m d’excellent, à protéger quasi dans son intégralité, dans un cadre bien sauvage, où : l’approche, notamment, demande une bonne expérience d’alpiniste (dans ces conditions). A bientôt pour de nouvelles aventures !